Nous voici de retour a osh apres bien des peripeties sur ce fameux pic lenine...
Tout a commence dans le trajet en taxi depuis bishkek. Comme je le disais c'etait un periple long mais tres interessant. Il s'est juste passe un truc etrange arrive a Jalal Abad : le chauffeur s'arrete, nous disant qu'il va trouver une autre voiture jusqu'a Osh. Pourquoi, comment, je ne sais, mais nous voici teleportes en un rien de temps dans le spacieux vehicule d'un couple de profs d'anglais super sympas. On discute avec eux avec enthousiasme et decouvrons que le mari a bosse a Ashyk Tash pendant 4 ans comme traducteur a l'epoque ou papa y etait ! peut etre l'a-t-il croise... mais soudain Bruno realise que sa veste Softshell est restee dans le taxi... l'ambiance se refroidit un peu mais nos nouveaux amis affirment qu'on pourra la retrouver et leur entrain a nous aider est reconfortant.
Le lendemain, notre guide Oleg nous apprend que jusque la cette annee personne n'a pu atteindre le sommet : trop de neige cette annee les conditions sont exceptionnelles. Mais les conditions vont surement evoluer, nous rassure-t-il. Bien bien bien. En attendant de se preoccuper du sommet, c'est le trajet vers Ashyk Tash (camp de base) qui nous absorbe : la route est ponctuee de superbes paysages mais elle est dans un etat deplorable... Nous roulons dans une vieille jeep soviet solide mais peu confortable qui, nous l'apprendrons plus tard, avait eu un accident deux jours avant car le chauffeur (le notre donc) s'etait endormi au volant ! heureusement qu'a ce moment nous ignorions ce detail. Cela ne nous empeche pas d'eprouver quelques frayeurs lors d'une epique traversee du torrent... Pour etre honnete, je n'aurais jamais cru ca possible... maintenant, oui. Mais c'etait si incroyable que j'ai dit a Bruno en arrivant au camp ''ouf, le plus dur est fait !''. Petite erreur d'appreciation comme vous allez le voir.
Les premiers jours, nous beneficions d'un temps magnifique qui permet de s'acclimater aux alentours sans mouiller le gore-tex. Mais la neige est si abondante que nous n'allons pas au Petrovski: on s'enfonce jusqu'aux hanches et il aurait fallu y aller avec tout l'equipement.
Apres deux jours non de repos mais de marche, on monte au camp 1 (camp de base avance) ou l'ambiance plus kirghize que russe nous satisfait pleinement.
Et puis les choses serieuses commencent des le lendemain : le glacier commence ici, a 4000 m d'altitude. Et le ressaut jusqu'au camp 2 est sacrement raide, ponctue de quelques crevasses que nous apercevons d'ici. Oleg, le guide, annonce au moins 6heures de marche, plus la descente. L'objectif est de monter la tente, le gaz et la bouffe, puis de redescendre. mais les sacs sont deja tres lourds, Bruno est charge comme un mulet et moi aussi. Heureusement que les Krissous ne voyaient pas ca.
On marche lentement, vraiment lentement... je sue sang et eau sur ce ressaut a plus de 45 degres dont les marches taillees dans la neige sont un supplice pour chacun de mes pas (elles sont tres espacees). Lorsqu'on arrive au bout du premier ressaut, une enorme crevasse est a sauter. C'est a croire qu'on veut m'achever... Avec le poids du sac, je pense que je serais restee bloquee au-dessus de la crevasse sans l'impulsion d'Oleg. OK... encore quelques crevasses, et un groupe de tcheques operent un sauvetage : leur sac est tombe dedans !
On pense qu'il ne reste plus grand-chose ensuite. Le camp est juste derriere ce ressaut, non? Oleg repond evasivement qu'il reste 40 minutes, ou une heure et demi, ca depend.
Ca depend en effet. je m'arrete a chaque pas, epuisee, la fin est horriblement longue apres un nouveau long plateau. Avec cela, le temps se gate. Les derniers metres sont les plus durs, interminable, l'impression horrible de ne pas pouvoir avancer. Le vent se leve, il fait froid, je laisse la mon sac que Bruno ira chercher une fois en haut. On aura mis 8 heures a monter.
Des ukrainiens me donnent du the, je reste bloquee comme un automate en panne pendant que Bruno et Oleg montent la tente. ca y est, il neige vraiment et il faut redescendre...
Le lendemain, repos (ouf). Beaoucoup de rencontres et de dicussions passionnantes avec des gens passionnants. Il y a beaucoup d'allemands et d'autrichiens et ils sont tous super cool. Pas un seul francais en revanche. ca ne nous manque pas, au contraire.
Nous remontons au camp 2, avec l'intention d'y dormir et de monter ensuite au camp 3. ca va beaucoup mieux, on ne met que 5heures et demi cette fois. Le ressaut est toujours aussi horrible neanmoins.
Horrible apres-midi a rester dans la tente, le soleil est brulant et l'atmosphere de la tente etouffante. Il fait une telle chaleur qu'on s'applique regulierement des cataplasmes de neige. Nous sommes a 5400m. Tout va bien sinon, je ne suis pas malade.
Le lendemain, montee au camp 3 avec encore du portage. Deux nouveaux ressauts. le premier me fait souffrir, mais le deuxieme, le dernier, celui qui monte au pic razdelnaya, est bien pire que cela. 300 m de denivele en pur ressaut, dans une neige laborieuse, j'ai vraiment cru y rester. Mais la-haut... c'etait purement magnifique. La vue sur les sommets du pamir est degagee, ils sont incroyablement beaux notamment le pic du Communisme... ca ne ressemble a aucune autre montagne que nous connaissions.
la tente est montee au sommet du pic. Nouvelle nuit a 5400, pour s'acclimater car j'ai quand meme vomi a 6100.
redescente au camp de base... Et la, sinistre nouvelle : deux russes seraient morts, tombes dans une crevasse. En fait, c'est la neige qui s'est affaissee sous eux, soudain, lors d'une pause, sur le chemin normal du camp 2. Ce n'etait pas un pont de neige et de nombreuses personnes font halte a cet endroit. Finalement, un seul est mort. l'autre a le bras casse. Coup dur.
Le lendemain nous retrouvons nos amis allemands jan et Arnulf avec qui nous avons deja bien sympathise... et nous sommes surpris car ils devraient etre au camp 3 ! Que font-ils au camp de base ? leur visage est sombre, ils semblent tres perturbes. Arnulf explique, d'une voix saccadee. ils etaient sur les lieux de l'accident. Une dizaine de personne etait autour et ne bougeait pas, c'est jan qui est descendu dans la crevasse et a vu le corps deja sans vie de l'un des deux.
Du coup ils ont demonte tous les camps, et eux si motives au debut sont completement eteints. Ils renoncent au sommet. Tres secoues par cette nouvelle, nous mettrons nous aussi du temps a nous motiver pour monter a nouveau. heureusement, nous avons deux jours de repos. Nous les passons a discuter de longues heures avec eux, nouant une heureuse relation et se promettant de se revoir.
Motives par le guide nous repartons bien, deux jours apres, malgre un temps horrible. Les adieux avec jan et Arnulf sont durs. Il n'est pas facile pour eux de nous voir remonter et les larmes ne sont pas loin d'un cote comme de l'autre.
Des previsions suisses nous promettent du beau temps pour 5 jours mais que nenni. La montagne est desormais chauque jour noyee dans le blizzard et la neige. C'est correct le matin seulement... et encore. Mous remontons quand meme, toutes nos affaires sont la haut. J'ai peur que tout ait disparu d'ailleurs tant les vents ont ete violents ces derniers jours. Au camp 1 plusieurs tentes se sont envolees. Qu'en est-il des notres?
Par miracle, motre brave tente Bionnassay a tenu au camp2. le lendemain, au camp 3, apres une nouvelle soufrance sur le dernier ressaut, nous decouvrons bien notre tente mais... squattee par un couple de russes ! sacre mauvaise nouvelle, d'autant que le vent est violent et qu'il souleve des nuages de neige. Bien sur ils partent, mais c'est un peu special comme arrivee la-haut.
je ne suis pas malade. on reste dans la tente et jouons meme aux des. Nous sommes tous les deux assez en forme pour faire de la bouffe, ce qui est enorme.
La nuit est dure par contre. Le vent siffle continuellement, a vous rendre fou. Je l'entend malgre les boules quies et les secousses infligees a la tente sont extremement violentes. On se sent comme un minuscule ballot dans la tempete, impuissant. Lorsque le reveil sonne, rien n'a change. Oleg annonce qu'on ne part pas pour le sommet, on attend.
Moi, j'ai un mal de tete qui augmente de plus en plus. Des nausees commencent. ce n'est pas bon signe. Je ne bouge plus, prostree, et Bruno va chercher Oleg qui vient nous voir. Il est effraye: il faut demonter le camp et redescendre immediatement. Il me donne du diamox, ce qui me requinque un peu.
Pendant une heure il faut tout ranger mais une fois en plein vent le froid est mordant et on se gele les mains et les pieds. Les rafales solevent d'impressionnnants nuages de neiges, on se croirait en antarctique... c'est a la fois incroyablement beau et terriblement effrayant. Les crampons sont geles et il est incroyablement difficile de les attacher. Chacun de nos gestes semble handicape... Heureusement que Oleg est la pour s'occuper des tentes...
Descente au camp 2. je vais mieux. Le temps, lui, est toujours mauvais. Descente le lendemain. Ouf. Moralement, on n'en peut plus ni l'un ni l'autre. On est deshydrates et la bouffe d'altitude nous pese. Bruno en a marre du gout de metal de la bouffe.
Un autrichien esseule s'encorde avec nous pour la redescente vers le camp 1. Il y a beaucoup plus de crevasses qu'au debut, beaucoup se sont ouvertes et d'autres se sont elargies. Juste avant de traverser l'une d'entre elles, Bruno pose son sac. Il semble tenir mais... ne tient pas et roule ! Bruno et l'autrichien manquent de le rattraper, moi qui suis devant je me jette dessus et l'agrippe mais il est trop lourd et je le lache plutot que me faire entrainer par son poids. Il etait temps ; je le vois rouler devant moi encore quelques secondes, come au ralenti, et chuter dans le gouffre. Un peu plus et on etait tous dans la crevasse.
Silence. Chacun regarde le trou beant ou le sac vient de disparaitre. On se sent impuissant et ridicules. Oleg prend les choses en main sans hesiter, s'assure et descend dans le trou. Pendant de longues minutes, on n'entend plus rien. Le silence est angoissant. On l'appelle. Il repond, ouf ! encore de longues minutes et la corde se tend : le voici qui remonte, essouffle par l'incroyable effort qu'il vient de faire. Il se hisse sur la corniche, puis remonte le sac peniblement, aide par quelques russes qui passaient justement. Nous restons a l'ecart du trou car sommes decordes pour le moment.
Le sac sort enfin, couvert de neige et de glace... Il etait a 15 metres de profondeur et nous sommes chanceux ; il aurait pu tomber plus bas et c'aurait ete alors impossible de faire quoi que ce soit...
La suite est sans histoire, mais tout cela nous a remues pour un moment. le temps la-haut est toujours pourri et nous n'avons aucun regrets. L'essentiel est vraiment d'etre ici maintenant, entiers, et en vie.
Bises a tous, nous profitons maintenant du calme incroyable de la vie normale et revenons demain sur Bishkek.
Tout a commence dans le trajet en taxi depuis bishkek. Comme je le disais c'etait un periple long mais tres interessant. Il s'est juste passe un truc etrange arrive a Jalal Abad : le chauffeur s'arrete, nous disant qu'il va trouver une autre voiture jusqu'a Osh. Pourquoi, comment, je ne sais, mais nous voici teleportes en un rien de temps dans le spacieux vehicule d'un couple de profs d'anglais super sympas. On discute avec eux avec enthousiasme et decouvrons que le mari a bosse a Ashyk Tash pendant 4 ans comme traducteur a l'epoque ou papa y etait ! peut etre l'a-t-il croise... mais soudain Bruno realise que sa veste Softshell est restee dans le taxi... l'ambiance se refroidit un peu mais nos nouveaux amis affirment qu'on pourra la retrouver et leur entrain a nous aider est reconfortant.
Le lendemain, notre guide Oleg nous apprend que jusque la cette annee personne n'a pu atteindre le sommet : trop de neige cette annee les conditions sont exceptionnelles. Mais les conditions vont surement evoluer, nous rassure-t-il. Bien bien bien. En attendant de se preoccuper du sommet, c'est le trajet vers Ashyk Tash (camp de base) qui nous absorbe : la route est ponctuee de superbes paysages mais elle est dans un etat deplorable... Nous roulons dans une vieille jeep soviet solide mais peu confortable qui, nous l'apprendrons plus tard, avait eu un accident deux jours avant car le chauffeur (le notre donc) s'etait endormi au volant ! heureusement qu'a ce moment nous ignorions ce detail. Cela ne nous empeche pas d'eprouver quelques frayeurs lors d'une epique traversee du torrent... Pour etre honnete, je n'aurais jamais cru ca possible... maintenant, oui. Mais c'etait si incroyable que j'ai dit a Bruno en arrivant au camp ''ouf, le plus dur est fait !''. Petite erreur d'appreciation comme vous allez le voir.
Les premiers jours, nous beneficions d'un temps magnifique qui permet de s'acclimater aux alentours sans mouiller le gore-tex. Mais la neige est si abondante que nous n'allons pas au Petrovski: on s'enfonce jusqu'aux hanches et il aurait fallu y aller avec tout l'equipement.
Apres deux jours non de repos mais de marche, on monte au camp 1 (camp de base avance) ou l'ambiance plus kirghize que russe nous satisfait pleinement.
Et puis les choses serieuses commencent des le lendemain : le glacier commence ici, a 4000 m d'altitude. Et le ressaut jusqu'au camp 2 est sacrement raide, ponctue de quelques crevasses que nous apercevons d'ici. Oleg, le guide, annonce au moins 6heures de marche, plus la descente. L'objectif est de monter la tente, le gaz et la bouffe, puis de redescendre. mais les sacs sont deja tres lourds, Bruno est charge comme un mulet et moi aussi. Heureusement que les Krissous ne voyaient pas ca.
On marche lentement, vraiment lentement... je sue sang et eau sur ce ressaut a plus de 45 degres dont les marches taillees dans la neige sont un supplice pour chacun de mes pas (elles sont tres espacees). Lorsqu'on arrive au bout du premier ressaut, une enorme crevasse est a sauter. C'est a croire qu'on veut m'achever... Avec le poids du sac, je pense que je serais restee bloquee au-dessus de la crevasse sans l'impulsion d'Oleg. OK... encore quelques crevasses, et un groupe de tcheques operent un sauvetage : leur sac est tombe dedans !
On pense qu'il ne reste plus grand-chose ensuite. Le camp est juste derriere ce ressaut, non? Oleg repond evasivement qu'il reste 40 minutes, ou une heure et demi, ca depend.
Ca depend en effet. je m'arrete a chaque pas, epuisee, la fin est horriblement longue apres un nouveau long plateau. Avec cela, le temps se gate. Les derniers metres sont les plus durs, interminable, l'impression horrible de ne pas pouvoir avancer. Le vent se leve, il fait froid, je laisse la mon sac que Bruno ira chercher une fois en haut. On aura mis 8 heures a monter.
Des ukrainiens me donnent du the, je reste bloquee comme un automate en panne pendant que Bruno et Oleg montent la tente. ca y est, il neige vraiment et il faut redescendre...
Le lendemain, repos (ouf). Beaoucoup de rencontres et de dicussions passionnantes avec des gens passionnants. Il y a beaucoup d'allemands et d'autrichiens et ils sont tous super cool. Pas un seul francais en revanche. ca ne nous manque pas, au contraire.
Nous remontons au camp 2, avec l'intention d'y dormir et de monter ensuite au camp 3. ca va beaucoup mieux, on ne met que 5heures et demi cette fois. Le ressaut est toujours aussi horrible neanmoins.
Horrible apres-midi a rester dans la tente, le soleil est brulant et l'atmosphere de la tente etouffante. Il fait une telle chaleur qu'on s'applique regulierement des cataplasmes de neige. Nous sommes a 5400m. Tout va bien sinon, je ne suis pas malade.
Le lendemain, montee au camp 3 avec encore du portage. Deux nouveaux ressauts. le premier me fait souffrir, mais le deuxieme, le dernier, celui qui monte au pic razdelnaya, est bien pire que cela. 300 m de denivele en pur ressaut, dans une neige laborieuse, j'ai vraiment cru y rester. Mais la-haut... c'etait purement magnifique. La vue sur les sommets du pamir est degagee, ils sont incroyablement beaux notamment le pic du Communisme... ca ne ressemble a aucune autre montagne que nous connaissions.
la tente est montee au sommet du pic. Nouvelle nuit a 5400, pour s'acclimater car j'ai quand meme vomi a 6100.
redescente au camp de base... Et la, sinistre nouvelle : deux russes seraient morts, tombes dans une crevasse. En fait, c'est la neige qui s'est affaissee sous eux, soudain, lors d'une pause, sur le chemin normal du camp 2. Ce n'etait pas un pont de neige et de nombreuses personnes font halte a cet endroit. Finalement, un seul est mort. l'autre a le bras casse. Coup dur.
Le lendemain nous retrouvons nos amis allemands jan et Arnulf avec qui nous avons deja bien sympathise... et nous sommes surpris car ils devraient etre au camp 3 ! Que font-ils au camp de base ? leur visage est sombre, ils semblent tres perturbes. Arnulf explique, d'une voix saccadee. ils etaient sur les lieux de l'accident. Une dizaine de personne etait autour et ne bougeait pas, c'est jan qui est descendu dans la crevasse et a vu le corps deja sans vie de l'un des deux.
Du coup ils ont demonte tous les camps, et eux si motives au debut sont completement eteints. Ils renoncent au sommet. Tres secoues par cette nouvelle, nous mettrons nous aussi du temps a nous motiver pour monter a nouveau. heureusement, nous avons deux jours de repos. Nous les passons a discuter de longues heures avec eux, nouant une heureuse relation et se promettant de se revoir.
Motives par le guide nous repartons bien, deux jours apres, malgre un temps horrible. Les adieux avec jan et Arnulf sont durs. Il n'est pas facile pour eux de nous voir remonter et les larmes ne sont pas loin d'un cote comme de l'autre.
Des previsions suisses nous promettent du beau temps pour 5 jours mais que nenni. La montagne est desormais chauque jour noyee dans le blizzard et la neige. C'est correct le matin seulement... et encore. Mous remontons quand meme, toutes nos affaires sont la haut. J'ai peur que tout ait disparu d'ailleurs tant les vents ont ete violents ces derniers jours. Au camp 1 plusieurs tentes se sont envolees. Qu'en est-il des notres?
Par miracle, motre brave tente Bionnassay a tenu au camp2. le lendemain, au camp 3, apres une nouvelle soufrance sur le dernier ressaut, nous decouvrons bien notre tente mais... squattee par un couple de russes ! sacre mauvaise nouvelle, d'autant que le vent est violent et qu'il souleve des nuages de neige. Bien sur ils partent, mais c'est un peu special comme arrivee la-haut.
je ne suis pas malade. on reste dans la tente et jouons meme aux des. Nous sommes tous les deux assez en forme pour faire de la bouffe, ce qui est enorme.
La nuit est dure par contre. Le vent siffle continuellement, a vous rendre fou. Je l'entend malgre les boules quies et les secousses infligees a la tente sont extremement violentes. On se sent comme un minuscule ballot dans la tempete, impuissant. Lorsque le reveil sonne, rien n'a change. Oleg annonce qu'on ne part pas pour le sommet, on attend.
Moi, j'ai un mal de tete qui augmente de plus en plus. Des nausees commencent. ce n'est pas bon signe. Je ne bouge plus, prostree, et Bruno va chercher Oleg qui vient nous voir. Il est effraye: il faut demonter le camp et redescendre immediatement. Il me donne du diamox, ce qui me requinque un peu.
Pendant une heure il faut tout ranger mais une fois en plein vent le froid est mordant et on se gele les mains et les pieds. Les rafales solevent d'impressionnnants nuages de neiges, on se croirait en antarctique... c'est a la fois incroyablement beau et terriblement effrayant. Les crampons sont geles et il est incroyablement difficile de les attacher. Chacun de nos gestes semble handicape... Heureusement que Oleg est la pour s'occuper des tentes...
Descente au camp 2. je vais mieux. Le temps, lui, est toujours mauvais. Descente le lendemain. Ouf. Moralement, on n'en peut plus ni l'un ni l'autre. On est deshydrates et la bouffe d'altitude nous pese. Bruno en a marre du gout de metal de la bouffe.
Un autrichien esseule s'encorde avec nous pour la redescente vers le camp 1. Il y a beaucoup plus de crevasses qu'au debut, beaucoup se sont ouvertes et d'autres se sont elargies. Juste avant de traverser l'une d'entre elles, Bruno pose son sac. Il semble tenir mais... ne tient pas et roule ! Bruno et l'autrichien manquent de le rattraper, moi qui suis devant je me jette dessus et l'agrippe mais il est trop lourd et je le lache plutot que me faire entrainer par son poids. Il etait temps ; je le vois rouler devant moi encore quelques secondes, come au ralenti, et chuter dans le gouffre. Un peu plus et on etait tous dans la crevasse.
Silence. Chacun regarde le trou beant ou le sac vient de disparaitre. On se sent impuissant et ridicules. Oleg prend les choses en main sans hesiter, s'assure et descend dans le trou. Pendant de longues minutes, on n'entend plus rien. Le silence est angoissant. On l'appelle. Il repond, ouf ! encore de longues minutes et la corde se tend : le voici qui remonte, essouffle par l'incroyable effort qu'il vient de faire. Il se hisse sur la corniche, puis remonte le sac peniblement, aide par quelques russes qui passaient justement. Nous restons a l'ecart du trou car sommes decordes pour le moment.
Le sac sort enfin, couvert de neige et de glace... Il etait a 15 metres de profondeur et nous sommes chanceux ; il aurait pu tomber plus bas et c'aurait ete alors impossible de faire quoi que ce soit...
La suite est sans histoire, mais tout cela nous a remues pour un moment. le temps la-haut est toujours pourri et nous n'avons aucun regrets. L'essentiel est vraiment d'etre ici maintenant, entiers, et en vie.
Bises a tous, nous profitons maintenant du calme incroyable de la vie normale et revenons demain sur Bishkek.
Simplement incroyable !!! Nous avons beaucoup pensé à vous ...
RépondreSupprimerUne leçon de vie exceptionnelle. Bisous Célia et Bruno
Hé bééééé ! Quelle histoire !
RépondreSupprimerBonne continuation à vous, vers où que ce soit.
Bise.
:)
oui, une lecon de vie... c'est certain. Je suis heureuse qu'on ait fait ce qu'on a fait mais je ne pense pas remonter si haut avant un moment.
RépondreSupprimerLe moindre espace de confort est redecouvert maintenant avec une reelle jouissance. La douche, le lit, l'herbe tendre, le soleil... c'est trop coool.
Ouf... Rien que pour lire le récit, faut avoir le coeur bien accroché... Content de vous savoir "in secure"
RépondreSupprimer